Les élections du 9 au 14 octobre prochain au sein du Groupe La Poste s’inscrivent dans un contexte réglementaire particulier. Lequel ?
Celui de la loi du 22 novembre 2022, qui prévoit que le Groupe La Poste doit se doter de comités sociaux et économiques (CSE) au 31 octobre 2024. C’est une révolution ! Car aujourd’hui encore, nous avons des instances représentatives issues de la réglementation de 1990 et donc encore des instances qui n’existent même plus dans les secteurs public et privé, comme les CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Aussi, depuis deux ans, négocions-nous autour de ces nouvelles instances représentatives.
Le Groupe rassemble 230 000 salariés, dont 170 000 pour la Poste SA, celle qui est concernée par les élections d’octobre. Et parmi ces derniers, on compte 53 600 cadres. C’est la première fois que nous aurons un collège pour ces électeurs, c’est donc aussi la première fois que nous menons nos listes séparément. Depuis 2018, nous étions sur des listes communes avec la CFTC. Ensemble, nous avions alors obtenu 6,68 % des suffrages.
Atteindre au moins 20 % des voix au sein du collège cadres et compter une centaine de délégués syndicaux sur l’ensemble du territoire »
Quelle est votre ambition pour ce scrutin ?
Être représentatifs sur le collège cadres. Il a été difficile de le définir. Au sein du Groupe, les agents de maîtrise sont cadres, et les cadres sont cadres supérieurs. Les électeurs vont voter pour élire les membres de 32 CSE établissements (13 CSE branche services courrier colis, 16 CSE Branche grand public et numérique dont 5 CSE DOM, 2 CSE La Banque Postale et 1 CSE Siège groupe). Et ces élus désigneront les 25 membres du CSE central et leurs suppléants. La CFE-CGC Groupe La Poste espère atteindre au moins 20 % des voix au sein du collège cadres, compter 13 délégués syndicaux centraux et autour d’une centaine de délégués syndicaux sur l’ensemble du territoire, en proximité des collègues donc. Être un syndicat catégoriel peut nous aider, cet objectif me semble atteignable.
Comment menez-vous campagne dans un contexte aussi nouveau et complexe ?
En amont, nous avons donc travaillé depuis juin 2022 sur la refonte des instances représentatives. Cela a nécessité une centaine de plénières ! À lui seul le protocole d’accord préélectoral (PAP) a requis 7 plénières, avec 17 syndicats représentés. Voilà pour le travail préalable. Maintenant, nos 32 listes sont déposées. Nous menons campagne sur les réseaux sociaux, sites internet, avec des podcasts, des vidéos, mais surtout aussi autant que possible sur site en rencontrant les collègues même si c’est souvent compliqué.
Dialoguer sur le télétravail, les questions de charge mentale, d’équilibre vie professionnelle-vie personnelle et de pouvoir d’achat »
Quels sont les grands enjeux que les nouveaux élus devront prendre à bras le corps ?
Il existe un plan drastique d’économies sur les fonctions support. Et ça va continuer. De plus, au vu de la baisse des courriers à traiter, de nouveaux métiers apparaissent, d’autres évoluent, aussi sous l’effet de l’apparition de l’intelligence artificielle, ceux de conseiller bancaire en particulier. Affronterons-nous un plan social à cause du coût supporté par la sous-compensation des 4 missions de services publiques avoisinant un milliard d’euros par an ?
Le télétravail apparaît aussi comme un sujet épineux au Groupe La Poste, très réticent. Et comme dans d’autres entreprises, les questions de charge mentale, d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, de pouvoir d’achat, sont bien présentes. Le tout alors que l’âge moyen des postiers approche les 50 ans. Le climat est serein mais on ne se dit pas les choses. Et, globalement, l’enjeu va être de recentrer le débat autour des cadres, par exemple pour les activités sociales et culturelles (ASC), parce que pour le moment, l’employeur et les autres organisations syndicales se focalisent sur les autres catégories, plus nombreuses.
Propos recueillis par Sophie Massieu