Le 6 novembre dernier, le tribunal de commerce de Lyon a accordé une prolongation de la période d’observation jusqu’au 6 mars 2025 dans le cadre du redressement judiciaire de Vencorex (460 salariés). Quelle est la situation à date ?
L’échéance du 6 mars 2025 doit permettre de trouver une solution industrielle pour l’avenir de Vencorex, propriété du groupe thaïlandais de pétrochimie PTT Global Chemical. C’est la priorité absolue. En parallèle, l’intersyndicale doit négocier, dans le cadre du comité social et économique (CSE), un plan social imposé par l’actionnaire. Il ne faut pas se leurrer, il y aura bel et bien un PSE. C’est donc son ampleur et ses modalités qui sont en jeu. Les organisations syndicales, dont nos équipes CFE-CGC, se mobilisent pour essayer de limiter la casse et d’obtenir les meilleures conditions de départs.
Quelle solution industrielle préconisez-vous ?
Sauf miracle, il n’y aura pas de repreneur unique. La meilleure option consisterait à trouver plusieurs entreprises prêtes à reprendre, par petit bout, les activités de Vencorex.
Tous les acteurs se mobilisent, en premier lieu les syndicats et les élus régionaux dont Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix, qui abrite le principal site de Vencorex. Il faut bien comprendre qu’il y a un très fort attachement régional à l’entreprise. De la même manière que pour Pechiney ou Trimet, des générations de salariés ont été très fiers de travailler pour Vencorex. Il y a donc beaucoup de colère et d’anxiété face à une situation qui s’envenime.
Avec l’interconnexion des activités, 5 000 emplois directs et indirects sont menacés dans la filière chimie, sans compter la perte de compétences et de souveraineté industrielle »
Quels sont les enjeux ?
Les enjeux dépassent largement la seule entreprise Vencorex, au regard de l’interconnexion des activités de toutes les entreprises des plateformes chimiques de la région dont Arkema et son usine iséroise de Jarrie, la plus importante unité de production d’eau oxygénée du groupe. Le risque d’effet domino est donc important dans la filière chimique. On estime que ce sont environ 5 000 emplois directs et indirects qui sont de fait menacés. Sans compter la perte d’expertise, de compétences, de brevets et de souveraineté industrielle. Nos industries et nos fleurons sont attaqués : il faut réagir, se mobiliser et sortir de cette logique mortifère de gestion purement financière pour améliorer les marges.
Avez-vous des échanges avec les services de l’État ?
Je pense que viendra un moment, très bientôt peut-être, où il faudra des arbitrages gouvernementaux pour sortir de cette crise. En attendant, nous avons des échanges réguliers à Bercy avec les équipes de la DIRE (Délégué Interministériel aux Restructurations d’Entreprises) qui travaillent sur le dossier à la recherche d’une solution industrielle. Nous avons également rencontré directement le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, ainsi que son directeur de cabinet. Notre président confédéral, François Hommeril, s’est lui-même entretenu avec le ministre pour proposer des solutions. La CFE-CGC reste plus que jamais mobilisée pour éviter un gâchis monumental.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet